Fougueux, les enfants du quartier et moi grimpions sur la vieille barrière en fer de chez mes parents. Par poignées de quatre, voir plus si nous étions nombreux, nous agrippions le sommet de la grille. Le plus costaud, bien que parfois le plus agile, donnait alors un grand coup de savate au sol et la ribambelle de gamins s’élançait dans la course folle du portail en métal. Un moment de flottement enivrant nous entraînait alors vers une fermeture sévère de la barrière. Ça nous secouait vigoureusement. Et pour être honnête, ce n’était pas vraiment agréable. Mais c’était notre jeu favori. Il réclamait de l’audace et certes, nous gratifiait de quelques sensations de vitesse. Mais ce qu’il avait de plus chouette, c’est qu’il était interdit.
L’utopie d’un rêve, par Agathe Lafleur